PJ : Edward Freehands, flic déchu

Edward.

Ed, c’est le pote un tantinet lourdingue, relou comme diraient les jeunes d’aujourd’hui. Celui qu’on invite parce qu’on est un peu obligé, plus pour la relation passée que pour le plaisir ressenti à présent. Ce n’est pas le mauvais gars, mais la merde a l'habitude de venir se coller à ses chaussures. Sale caractère, sexiste sur les bords, Ed a une fâcheuse tendance à s’emporter rapidement.

Faut dire, il n’est plus que l’ombre de lui-même ces deux dernières années. Son histoire n’est pas des plus gaies.

Cette histoire, vous la connaissez. Elle a fait la une de toute la presse de Portland.

Edward était flic. Un de ces inspecteurs de la criminelle plutôt ambitieux traînant ses guêtres dans les rues les plus sordides de Portland. Sans être le meilleur ni le pire, il avait déjà quelques affaires à son actif lorsqu’une terrible erreur mit un terme définitif à sa carrière.

Appel tardif, un corps est découvert dans une cité où les gangs sont légion et le danger permanent. Ed et son coéquipier se rendent sur le site, suivi de l’habituelle escorte et autres spécialistes des scènes de crime. Les jeunes de la cité sont agités et s’en prennent aux premiers flics arrivés sur les lieux. Edward s’énerve, perd son sang froid, mais reste pro, écarte les curieux et continue son inspection des lieux.

Mais, alors qu’il s’éloigne un peu de la scène de crime, étendant le périmètre, il surprend un mouvement brusque. Quelqu’un fuit. Il s’élance seul à sa poursuite. Acculé, ce qui ne reste qu’une silhouette se retourne contre lui, une arme en main. Il fait nuit, Ed est sur les nerfs. Il dégaine et tire au jugé, à la hâte…

Un gamin. Un simple badaud trop curieux de 15 ans à peine tenant un cran d’arrêt à la main.

La suite n’est qu’une longue déchéance rendue publique par des médias avides de bavures policières. Edward est mis à pied, bénéficiant tout de même de la légitime défense. Il sombre dans une interminable dépression où l’alcool et la violence sont l’essentiel de son programme quotidien. Presque deux ans d’errances durant lesquels vous ne l’avez pas vu.

Aujourd’hui, Edward est de retour. Il vous parait clean. Il ne boit presque plus et a modéré ses écarts depuis quelque temps. Selon lui, il lui fallait disparaitre, quitter cette ville où les gens le toisaient avec le doigt tendu, l’accusant de tous les maux.

Il a d’abord repris contact avec Deborah. Il s’était connu lors d’une affaire terrible où une jeune fille avait été violée et torturée. La sympathie s’est aussitôt installée entre eux, l’horreur du crime interdisant à Edward son habituel sexisme. Deborah aurait même juré qu’il éprouvait pour elle un peu plus que de la… sympathie. Ed est apparu à son bureau, sourire sur les lèvres et mains dans les poches. « Et si on allait boire un verre… heu, un café pour moi, tu prendras bien ce que tu voudras, Deb. »

Ed a peu d’amis, à présent. Carl Offlong est pourtant l’un d’eux. Il avait fait appel à lui comme consultant financier au cours d’une de ses enquêtes. Autour d’un verre, comme souvent, l’amitié est venue sans prévenir. Le temps a fait le reste. Durant sa longue période de déchéance, Carl est d’ailleurs le seul à avoir eu un bref contact avec Edward. Dans le besoin — ses seules ressources actuelles sont une maigre, très maigre allocation —, il a demandé une aide financière à son ami avant de disparaitre aussitôt.

À présent, Edward semble repenti. Plus calme, vous le sentez tout de même sur la brèche. Ses vieux travers sont certainement toujours là, il ne fait que les contenir.

Une promenade en forêt... quelle bonne idée pour resserrer les liens.